Philippe Moati, professeur d’économie à l’Université Paris-Diderot, et auteur du livre La plateformisation de la consommation : peut-on encore arrêter l’ascension d’Amazon ?, a accordé un entretien à Ecommercemag.fr.
Pour cet enseignant-chercheur, l’univers de la consommation est aujourd’hui révolutionné par le surgissement des places de marché, à l’instar du bouleversement qu’avait auparavant constitué l’apparition de la grande distribution. Mais ces dernières semblent aujourd’hui dépassées par les places de marché. A titre d’exemple, en 2020, Amazon a réalisé un chiffre d’affaires de 386 milliards de dollars :la même année, le CA monde de Carrefour s’élevait à 83 milliards de dollars.
Inquiet de la position dominante d’Amazon, Philippe Moati n’en reconnaît pas moins les coups de génie du géant américain. Il conseille aux acteurs français voulant combattre son hégémonie de s’inspirer de ce qui a fait sa force. Alors que dans l’Hexagone, les leaders ont encore la culture de la puissance, avec une avidité de rentabilité, et de faibles investissements, Amazon lui « n’a jamais distribué 1 euro de dividende, et a fait le choix, très tôt, d’investir massivement ». Or, « là il s’agit de faire appel à une culture de l’intelligence, de l’innovation ».
Philippe Moati évoque des pistes alternatives pour les e-marchands désireux d’exister face à Amazon : « inventer autre chose et s’inscrire dans le coup d’après. L’e-commerce a déjà évolué dans ses formes et il évoluera encore ».
Pour exister en parallèle, il faut susciter le désir d’acheter en s’adressant non pas au consommateur, mais à la personne. Dans ce sens, le social commerce est une piste alternative. Les réseaux sociaux peuvent aider les petits acteurs. Mais il faut être prospectif et investir, car on est loin d’être au bout de la réinvention du commerce avec le digital.
Ecommercemag.fr / 22 avril 2022
