Dans un article publié sur son blog, Philippe Silberzahn, professeur à EMLYON Business School, et intervenant à HEC Paris et au CEDEP, a répondu à l’article signé par Pascal Demurger sur LinkedIn, Directeur Général de la MAIF. Selon ce dernier, « Amazon va mourir ». Bigre ! s’exclame Philippe Silberzahn, et pourquoi ? « Parce que l’entreprise américaine n’est pas porteuse de sens »… Il faut se pincer pour le croire.
Le mépris du monde qui se construit, un mal français
Selon le professeur de l’EMLYON, l’article de Pascal Demurger est symptomatique de l’aveuglement et du mépris d’une certaine élite française pour l’entrepreneuriat et le commerce en général, et pour Amazon en particulier : celui d’une « élite apeurée, une incompréhension du monde nouveau, une peur du changement qui remet les positions actuelles en question, un mépris du commerce et des entrepreneurs, un sentiment de supériorité morale dû à sa naissance, à sa formation et sans doute à son métier, mais surtout à la nécessité de dénigrer pour se poser ».
Philippe Silberzahn prend soin de rappeler quelques faits : Si Amazon connaît un tel succès, c’est qu’il doit y avoir de bonnes raisons. Amazon, c’est simple, c’est rapide, même à la campagne. Le « grand circuit court » qu’Amazon a su construire a contribué à nous sauver « des pénuries que les experts nous promettaient ». Qu’a fait la MAIF à cette époque ? Réduire ses factures de quelques pourcents en pressant trois touches sur son système d’information interne, et en faire la pub massivement sur les télévisions. Pendant ce temps, une armée de commerçants se levait tôt le matin, Amazon en tête, et sauvait « la France en silence ».
Si « dénigrer Amazon est malheureusement devenu un exercice convenu », c’est surtout que « nous sommes incapables de créer des géants dans les secteurs d’avenir. Nous régulons, nous taxons, nous interdisons et surtout nous moralisons, en regardant derrière nous, pendant que le reste du monde invente et va de l’avant […] Il est temps pour nous, et surtout nos élites, de prendre conscience que cette posture de suffisance et de mépris à l’égard du monde qui se construit nous empêche d’en être des acteurs et nous conduit au déclin ».
Philippe Silberzahn / 30 novembre 2020