Yves Puget, directeur de la rédaction du magasin LSA, a signé ce lundi un édito où il revient sur les polémiques dont Amazon a fait l’objet ces derniers jours, et plus précisément sur l’appel au boycott lancé par quelques députés et artistes.
Yves Puget rappelle notamment que la peur d’une nouvelle forme de commerce venant sonner le glas des petits commerçants n’est pas chose nouvelle : le commerce succursaliste était déjà identifié comme l’ennemi des centres-ville par le député Georges Berry en 1913…
Loin de défendre aveuglément Amazon, le directeur de LSA entend surtout dépassionner le débat, et rappeler quelques faits : Amazon est certes une réussite remarquable, mais son poids dans le commerce français ne justifie pas d’en faire le bouc émissaire de tous les maux de notre économie.
S’il est fort légitime de demander à Amazon de s’acquitter de tous ses impôts, il est mensonger de dire qu’il n’en paye pas (comme le font certains), puisque sa contribution fiscale s’est élevée à 420 millions d’euros en 2019 (contre 250 en 2018). Enfin, l’idée d’un impôt spécifique à Amazon « risque d’être retoquée par Bruxelles », ce qui amènerait cette taxation à se généraliser à tous les e-commerçants, et donc aux groupes français.
Plutôt que de s’attaquer à Amazon en pensant régler tous nos problèmes ainsi, Yves Puget suggère plutôt aux concurrents d’Amazon de proposer une offre réellement différenciante. Car seuls les concurrents et les consommateurs ont un réel pouvoir. C’est à eux de choisir quel commerce ils veulent, « et non pas à quelques pétitionnaires en goguette, en mal de notoriété : il s’agit tout simplement de la primauté de l’offre et de la demande sur le corporatisme et le protectionnisme. Et de la limite des boycotts. »
LSA / 23 novembre 2020